Aujourd’hui, j’ai signé ma convention de divorce. Drôle de sensation. Entre réalisme et irréalisme, après un long chemin semé d’embûches et un combat mené, en amont, bien trop long déjà. Une impression qu’à un moment donné, ça ne se fera jamais. Et pourtant… Un souffle de sérénité, légèreté et liberté. Ces paroles de mon poste de radio quand je mets le contact de ma voiture à la sortie du rendez-vous chez l’avocate : “…que rien ne trouble cet instant. C’est un cadeau, c’est un présent. Inspires….existes…” sonnent en moi comme jamais. Ce jour là, en me rendant au rendez-vous, toutes mes pensées étaient pour ces femmes, que je connais bien, pour qui le combat, déjà beaucoup trop long, n’était pas encore terminé. Je mesure ma chance. Il m’aura fallu dix mois entre la décision et la clôture de l’acte. C’est rien à côté de certaines de mes amies. Et pourtant, qu’est-ce que ce fut long. Je me suis rendue au rendez-vous, toute apprêtée. Fière d’être une femme et en hommage à toutes. Quand vous en êtes rendue à chaque fois, à rentrer chez vous avec un noeud au ventre, vous demandant ce qui va encore vous tomber dessus, à vous retrouver planquée aux toilettes à trembler de tout votre corps parce que si votre tête lutte encore, votre corps ne suit plus,  à vous chronométrer parce que chaque minute de trop demande à être justifiée, que vous finissez à laisser au placard toutes vos plus belles robes car épuisée d’énergie à combattre les reproches incessant et accusateur d’allumer tous les mecs de la terre entière et de ne même plus réussir à avoir une conversation naturelle ne serait ce qu’avec un membre de votre famille en vous sentant espionné… et encore tout ça n’est rien à côté de femmes violentées et abusées… Mais il n’y a pas de petits maux face à ces situations quelqu’elles soient que je qualifierai avec certitude d’anormales !

Le premier accord toltèque, “que ta parole soit impeccable”, nous enseigne combien la parole est une arme puissante ! Et combien il est important de bien savoir l’utiliser. 

 Le soir même, je me suis rendue au supermarché. J’avais rendez-vous avec mon caddy pour un tango.  Je m’étais lancée un défi  à titre personnel avec le soutien de mon amie complice. Danser un tango en plein milieu du supermarché !  Le défi était pour moi, la vidéo de ma danse était pour Elles. Le message était : “Allez tous vous faire voir, je vis comme je suis !”.

Un ami m’écrivait : “La résilience absolue est inscrite dans les gènes des femmes. Elles ont fait tourner seules l’Industrie et l’agriculture pendant les deux guerres pendant que leurs hommes étaient à la guerre. C’est dire qu’elles peuvent tout !” 

 Les femmes, contrairement aux hommes, n’ont pas cette nature à parler d’elles même, de ce qu’elles font et en particulier les choses les plus anodines, et encore moins, ce qu’elles vivent. Vous dites à votre mari, quand vous avez fait à manger ou avez passé le balai ? Quand j’ai commencé à raconter mon histoire, j’ai eu la surprise de connaître l’histoire de celles autour de moi. Parler est le 1er pas vers la résilience.

Cette page, je la dédie à toutes ces femmes qui luttent quotidiennement  à juste exister au mieux qu’elles le peuvent.

Merci pour cet album !

Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik nous parle de résilience :